Appareil séricigène

                                        


APPAREIL  SERICIGENE  DES  ARAIGNEES
ANATOMIE  ET  COMPORTEMENT  DES  ARAIGNEES  : VINGT-CINQ  ANS  DE  RECHERCHES
 (version 2023)

par André Lopez
   






En construction .........

1 - Généralités
2 - Présentation des différentes catégories


1 - Généralités

          Les glandes à soie d' Araignées sont toutes situées dans l'abdomen. Seules font exception celles des Scytodes (Fig. 1 à 3), ce genre possédant en plus une composante séricigène intra-prosomatique, la seule connue jusqu'ici chez les Aranéides. Elle a été découverte par Millot (1930) à la suite d'observations éthologiques montrant que les Scytodes collent leurs proies sur le support avec une glue projetée à faible distance par les chélicères courtes et peu puissantes (Fig.2). Chaque glande à venin est en effet particulièrement volumineuse et d'ailleurs responsable d'une forte convexité céphalothoracique dorsale, ornée d'un dessin en "lyre", conférant leur aspect "bossu" à ces curieuses Araneides (Fig.1 à 3).


Scytodes 1 
Scytodes 2 
Scytodes 3 
Fig. 1 - Scytodes thoracica, femelle, vue dorsale
Fig. 2  - Même femelle, autre vue dorsale
Fig. 3 - Autre  femelle, transportant sa ponte. Vue latérale droite
Flèche rouge : "gibbosité " dorsale
Flèche jaune : "gibbosité" ; flèche rouge : chélicères
P, ponte appliquée sur le sternum par les palpes. Flèche : "gibbosité"

               Enorme et bilobée, elle présente dans les coupes histologiques une trés large lumière et surtout deux poches, dont la structure et la sécrétion  ont un aspect différent : une poche antérieure élaborant   toujours du venin ; une poche  postérieure  plus grande, devenue réellement séricigène et sécrétant la substance visqueuse que projettent les chélicères (Fig.4 ). Le canal excréteur est commun aux deux.


Glandes Scytodes 1 Glandes Scytodes 2
Fig. 4 - Scytodes thoracica, femelle : coupes histologiques parasagittales du céphalothorax. Trichrome, à gauche ; A.P.S., à droite.
Ch, chélicère ; D, canal excréteur; G, gnathocoxe ; M, muscles; N, ganglions nerveux ; O, oeil ; P, paroi de la poche séricigène ; S, sa sécrétion ; V, portion antérieure restée venimeuse. Flèche : "gibbosité"


             Chez toutes les Araignées, sans exception, le canal excréteur de chaque glande à soie aboutit à une filière et  s'ouvre extérieurement par une fusule.
          Les
filières, qui représentent sur le plan phylogénétique des appendices modifiés, sont situées près de l'extrémité de l'abdomen, en avant du tubercule anal. Généralement au nombre de trois paires, antérieure, moyenne et postérieure, chacune d'elles montre  respectivement  3,1 et 2 segments.
          Leur disposition est des plus variables, parfois presque en un seul plan chez les Hahnia (Fig. ). Leur longueur peut être trés importante, surtout dans le cas des Hersilia dont la paire postérieure semble démesurée (Fig. ).
        Les filières sont pourvues d'une musculature bien développée leur assurant une grande mobilité, aussi bien individuelle que coordonnée en travail d'ensemble durant la construction des cocons et des toiles.Une 4eme paire, médiane antérieure et siégeant sur le segment 10, est considérée comme ancestrale et n'a persisté, fonctionnelle,  que chez quelques Mesothelae. En revanche, elle a subi une  réduction extrême dans le cas de beaucoup d' Araignées écribellates comme les Araneidae (
Fig.5), les Linyphiidae, les Theridiidae,  les Theridiosomatidae (Fig.6) et les Thomisidae ; elle s'y présente comme une saillie vestigiale, impaire et médiane, appelée colulus, manquant dans d'autres groupes (Fig.7), mais sans raison apparente, car cet organe ne parait pas exercer de fonction .
        

Cyrtophora, filières
Theridiosoma, filières
Araignée X, filières
Fig. 5-Cyrtophora citricola, femelle : filières. M.E.B.
 Fig. 6 - Theridiosoma sp., femelle : filières. M.E.B.
Fig. 7 - Araignée sp., femelle : filières. M.E.B.
A, filières antérieures ; C, colulus ; M, filières médianes ; P, filières postérieures ; T, tubercule anal


Filières Hahnia
Filière Hersilia
Fig. - Hahnia sp. (Réunion) , femelle : filières, les postérieures réclinées.  M.E.B.
Fig.  - Hersilia savignyi , femelle : vue partielle de filière postérieure. M.E.B.
A, filières antérieures ; F, fusules; H, poils ;  M, filières médianes ; P, filières postérieures ; T, tubercule anal


          Les fusules (Fig.8 à 10) ont l'aspect  de "canules" effilées recevant chacune un canal excréteur qui la parcourt axialement jusqu'à son extrémité libre et s'y ouvre par un pore. Le "corps" est plus ou moins strié mais non cannelé. L'embase a une forme conique ou cylindrique (Fig. 8 à 10). Elles rappellent beaucoup celles des glandes épigastriques prégonoporales.

Cyrtophora, filières 2 Fusules medianes Argyrodes Filière médiane Argyrodes
Fig. 8 - Cyrtophora citricola : filière postérieure. M.E.B. Fig.9 - Argyrodes sp. :  Fusules d'une filière médiane. M.E.B.
Fig.10 - Argyrodes sp. : filière médiane. M.E.B.
A, alvéoles de poils ; F, fusules ; H, poils ; P, pore apical de fusule ; S1, segment externe de la filière ; S2, segment interne. Flèche  : embase cylindrique ou conique de fusule.

          Chez Telema tenella (Telemidae) par exemple, il y a trois paires de filières, décrites brièvement par Fage (1913) mais dont notre étude en M.E.B  a fourni une description plus complète  (Lopez,1983a)
        Les filières antérieures encadrent un large colulus, sont allongées, cylindriques et comportent deux articles. Le terminal est pourvu de 7 fusules coniques, à embase annulaire, réparties sur un plateau oblique : 6 d'entre elles, recevant probablement les canaux des glandes piriformes, y sont groupées deux par deux ; la septième est isolée, plus courte et plus interne.......;

          Les Araignées dites cribellates possèdent en outre un appareil fileur additionnel, le cribellum, situé juste en avant des filières classiques.

       Plusieurs catégories principales de glandes peuvent être individualisées  sur les plans morphologique (Schéma 1) et histologique (Fig.11) : les glandes ampullacées, aciniformes, piriformes, agrégées, tubuliformes et flagelliformes
           Chaque catégorie de glande élabore une soie présentant ses propres caractères spécifiques et a ainsi une fonction particulière.
           - Les glandes piriformes aboutissent toutes aux filières antérieures (antéro-latérales) et produisent les disques de fixation pour la toile.
          - Les glandes ampullacées aboutissent  aux filières antérieures et  moyennes ; elles produisent les fils de charpente de la toile ainsi que les fils de rappel ("drag lines")
          - Les glandes aciniformes aboutissent aux filières moyennes et postérieures ; elles élaborent les soies d'enveloppement des proies, de la toile spermatique (chez le seul mâle) et de la paroi externe du sac ovigère
           - Les glandes tubuliformes se terminent également dans les filières moyennes et postérieures ; elles ne produisent que la soie des cocons.
        - Les glandes agrégées, considérées comme propres aux Araneidae  se retrouvent aussi chez les Tetragnathidae, les Linyphiidae, les Theridiidae et élaborent la glue visqueuse quel qu'en soit le support, y compris dans les "bolas" de Mastophora. Elles sont remarquablement modifiées en glandes botryoïdes dans le genre Kaira.
           -  Les glandes flagelliformes sécrètent le fil qui supporte la glue et s'associent généralement aux agrégées en "triade fonctionnelle" (Schéma 2)
      

             Chez les Araignées dites cribellates il existe des glandes particulières, notamment cribelliennes, s'associant aux précédentes.


Schéma 1 -  Appareil séricigène d'une Araignée écribellate (Nephila). Dissection.  
 Chaque catégorie glandulaire et les filières n'ont été figurées que d'un seul côté. D'après Peters,1955.
Schéma séricigène 1
Ac,  glandes aciniformes ; Ag, agrégées ; Am,  ampullacée majeure ; An, ampullacée mineure ; Fl, flagelliforme ; Pr,  piriformes. Tb, tubuliformes. En bleu : filières antérieure (A), moyenne (flèche) et postérieure (P).


Totale,Cyclosa 1
Fig. 11 - Cyclosa conica, femelle adulte : ensemble des glandes séricigènes, coupe  d'abdomen, trichrome
Ac, glandes aciniformes A et B ; Ag, glandes agrégées ; Am,ampullacée majeure ; An, ampullacée mineure  Di, diverticule intestinal ; Fl,  flagelliforme ; T, tégument abdominal ; Tb, tubuliformes


2 - Présentation des différentes catégories

2.1 -Glandes piriformes


        En nombre variable, particulièrement élevé chez les Cyrtophora, elles se terminent toujours dans les filières antéro-latérales (Schéma 1).

2.1.1
- Morphologie

         Bien que consacré par l'usage, leur nom est assez inexact car elles n'évoquent qu'inconstamment l'aspect d'une  "poire".
         Elles se présentent en effet comme des tubes allongés dans de nombreuses familles : Eresidae, Urocteidae, Araneidae, Gnaphosidae, les piriformes de ces dernières ayant d'ailleurs une taille inhabituelle.

2.1.2 - Histologie
, histochimie


        Les glandes piriformes présentent généralement une région proximale et une région distale que différencient les affinités tinctoriales de leurs cellules sécrétrices (adénocytes) respectives. Les cellules proximales  renferment une sécrétion en grains basophiles dont la proteine est riche en groupes amino-terminaux et carboxyles, souvent associés avec un polysaccharide (réaction à l'A.P.S. trés positive), notamment chez Cyrtophora citricola (Lopez,1982) et les cellules distales, une sécrétion acidophile avec des groupes réducteurs et de la tyrosine (Fig. 12). Il s'ensuit que Millot (1949/1968) les a fort justement qualifiées "mi-parties".

Piriformes Mastophora
Fig. 12 - Mastophora cornigera, femelle adulte : glandes piriformes
Da, région distale acidophile ; Pb, région proximale basophile ; S, sécrétion bicolore. Flèches : canaux excréteurs.

        Les importances  respectives des deux régions sont en fait trés variables : alors que la distale est  réduite chez les Gnaphosidae et Dysdera, elle est  trés étendue chez certaines Araneidae telles que les genres Nephila (Kovoor, 1986) et surtout  Cyrtophora. Ainsi, dans ce dernier, les glandes piriformes sont  trés nombreuses, forment un ensemble plus volumineux que celui des autres membres  de la même famille, ont une forme allongée évoquant un peu celle des aciniformes  et surtout, se rattachent à deux catégories distinctes (Lopez,1982) : un type (b) dans lequel le produit proximal, trés peu abondant, n'est sécrété que par quelques cellules formant collet juste au-dessus du canal excréteur tandis que le produit distal est élaboré par plus des  3 /4 de la glande (Fig.  ) ; un  type (a), essentiellement dorso-médian, où  les deux  produits ont en gros la  même importance.
        Dans le cas d' Oecobius et de Leucauge, il existe même trois régions distinctes permettant d'évoquer des glandes "tripartites".
        Les glandes piriformes d' Uroctea durandi ne possèdent en revanche qu'une seule catégorie d'adénocytes mais  élaborent tolutefois une proteine et une glycoproteine acide dont l'abondance s'accroît de la partie distale à la proximale (Kovoor,1979).
        Les Pholcidae représenteraient un cas particulier car les glandes pyriformes habituelles semblent remplacées par deux organes présentant des caractères histochimiques analogues, s'ouvrant aussi dans les filières antérieures, mais de forme  globuleuse et à collet incurvé.
   

2.1.3- Ultrastructure

        Une étude de Kovoor et Zylberberg (1980)  a mis en évidence des grains à ultrastructure complexe chez Araneus diadematus..

2.2 - Glandes ampullacées

        Elles sont au nombre de une à plusieurs paires, dites majeures (aboutissant aux filières antérieures), et mineures (aux filières moyennes), lorsqu'il y en a  deux (Araneidae) (Schéma 1).
Situées dans la partie ventro-latérale de l'abdomen. Telema tenella ( Telemidae) n'en possède qu'une paire ((Lopez,1983a)

2.2.1 - Morphologie

          Elles sont constituées par une portion dilatée, le "sac", en  forme  d' "ampoule" chez  la plupart des Araignées, d'où leur nom, et par une portion plus étroite,   en long tube contourné, la "queue".
          Cette forme peut être toutefois  différente dans certaines familles : vaste sac fuselé chez de nombreuses Araneidae ; tubuleux simple chez les Dysderidae et les Hypochilidae ; court, globuleux chez Telema tenella ( Telemidae) où il est déformé par la pression des organes voisins (intestin, ovaires et spermathèques, testicules, déférent)(Lopez,1983a) et chez les Oecobiidae ; en forme de croissant chez les Theridiidae des genres Latrodectus (Kovoor,1977) et Argyrodes (Lopez,1983b) ; contourné en "S" chez les Hersiliidae (Kovoor, 1984) et les  Nephilinae (Kovoor,1986) ; avec une queue ramifiée en diverticules chez les Agelenidae du genre Tegenaria (Kovoor, 1987).

2.2.2 - Histologie
, histochimie, microscopie électronique à transmission (M.E.T.)


        Pour la plupart, les glandes ampullacées comportent deux catégories de cellules sécrétrices ou adénocytes y occupant  respectivement deux portions bien disttinctes par l'aspect de leur épithélium, l'une proximale et l'autre distale. Elles ont une étendue variable : la proximale peut occuper preque toute l'ampoule chez Cyrtophora et Argiope (Araneidae) ainsi que chez les Uloboridae ou, inversement, être moins étendue que la distale, au point de se réduire parfois à un étroit "collier" chez  Pholcus, Uroctea, Linyphia. 
        De même les ampullacées de Telema tenella ont un corps à deux parties trés inégales (Lopez,1983a). La distale est trés étendue et formée d'un épithélium épais à noyaux volumineux (20 µm) et à cytoplasmes élaborant des grains arrondis dont le pourtour est plus acidophile que le centre proteinique, riche en tyrosine. En M.E.T., ces derniers sont granuleux, avec des masses arrondies, de densité plus grande, libérées dans la lumière dont les sépare un liséré de matériel trés condensé, peut être responsable de l'acidophilie précédente. La portion  proximale se réduit à un court entonnoir  auquel fait suite le canal excréteur. Son épithélium  de cellules plus étroites, diminuant rapidement de hauteur vers le canal, pauvres en tyrosine, contenant une composante glucidique APS + et surtout, une proteine  qui réagit intensément à la tétrazoréaction de Danielli (Fig. ).Leurs grains de sécrétion sont peu denses et homogènes en M.E.T.
        Dans le cas particulier des Cyclosa et de Nemoscolus laurae, le corps des glandes ampullacées majeures se singularise par trois catégories d'adénocytes élaborant des produits différents et apparait ainsi "tripartite"(Lopez,1980). La première catégorie occupe le tube contourné distal et le premier quart de l'ampoule, la seconde catégorie médiane est située dans le tiers suivant et la troisième, dans la partie proximale restante (Fig. 13). Les trois produits de sécrétion sont proteiques, riches en tyrosine, avec l'adjonction d'un composé polysaccharidique dans le second. Il s'ensuit que la fibre issue des glandes ampullacées majeures présente une triple composition dans ces deux genres d'Araneidae : son filament axial, produit de sécrétion des adénocytes distaux, est enrobé par la substance qu'ont élaboré les adénocytes médians, elle même recoiuverte par une fine couche provenant du tiers proximal de l'ampoule.En revanche, les glandes ampullacées mineures ne sécrétent que deux produits différents.
     

Amp.maj.,Nemo
Fig. 13 - Nemoscolus laurae, femelle adulte : glande ampullacée majeure, avec ses trois catégories d'adénocytes
C, origine du canal excréteur et du fil de soie ; D, catégorie distale ; Di, diverticules intestinaux ; M, catégorie médiane ; P, catégorie proximale ; S, sécrétion "tricolore" dans la lumière ; T, tégument abdominal.

       
       Chez Mecynogea lemniscata, la paire majeure n'élabore que deux produits de sécrétion, protéiniques, l'un provenant du tube contourné  distal et du premier quart de l'ampoule, l'autre sécrété par le reste de cette dernière dont l 'épithélium a une épaisseur doublée ou triplée, mais ne renferme pas de composante glucidique ou mucopolysaccharidique. L'épithélium des mineures , d'épaisseur uniforme, est également formé par deux types successifs d'adénocytes, chacun sécrétant un produit protéique.
        Dans le cas particulier des Eresidae (Eresus niger, Stegodyphus dufouri), les glandes ampullacées proprement dites s'associent étroitement à d'autres organes glandulaires,  libres ou logés dans leur gaine conjonctive, ayant l'aspect de tubes grêles et sinueux, pourvus d'une lumière exigüe vide, d'un épithélium à étroites cellules basophiles sans grains de sécrétion, et de canaux excréteurs peu visibles (diamètre : 8 µm) aboutissant aux filières antérieures et médianes avec les ampullacées. Nous les considérons comme des tubes embryonnaires (Lopez,1979) appartenant à la même catégorie de glandes, non liés à la régression d'ampullacées préexistantes mais au bloquage évolutif de certaines d'entre elles demeurées dans un état quiescent. Les deux organes se singularisent avant tout par la présence d'un pigment siégeant dans leur corps ainsi que dans les cellules épithéliales du canal excréteur (Lopez, 1979) (Fig.  ).

Stego,canaux amp.
Eresus, tubes, amp.
Fig. - Stegodyphus dufouri, femelle : canaux excréteurs d'ampullacées
Fig. - Eresus niger femelle : ampullacées et deux tubes embryonnaires
Am, glande ampullacée ; E, épithélium du canal excréteur ; Gp, tube embryonnaire pigmenté ;  L, lumière ; S, sécrétion. Flèches : grains de pigment.

Il s'y présente sous la forme de granulations isolées ou réunies en petites mottes, brun-jaunâtres, si contrastées qu'elles sont déjà perceptibles dans les coupes histologiques non colorées, irrégulières, anguleuses et ne s'éclairant pas en lumière polarisée, donc non biréfringentes contrairement à la guanine intestinale. Elles sont toujours intracytoplasmiques et ne passent pas dans la lumière des glandes.
 La pigmentation des tubes embryonnaires d' Eresides est généralement la plus marquée et peut être si intense que les cellules en sont obscurcies dans leur quasi totalité, permettant ainsi de suivre le trajet des tubules dans l'enchevêtrement glandulaire (Fig. ).

Eresus,tubes emb.1
Eresus, tubes emb.2
Fig. - Eresus niger, mâle : trois tubes embryonnaires pigmentés
Fig. - Eresus niger, mâle : tube embryonnaire pigmenté, détail
D, canal déférent et spermatozoïdes ; Gp, tube pigmenté ;I, diverticule intestinal ; L, lumière ; N, noyau ; P, poumon ; T, testicule. Flèches : grains de pigment.


Stego, glandes div.1
Stego, glandes div. 2
Fig. - Stegodyphus dufouri femelle : glandes ampullacées, cribellaires et tube pigmenté
Fig. - Stegodyphus dufouri femelle : glandes ampullacées, l'un de leurs canaux et tube pigmenté
Am, glande ampullacée ; Cr, glande cribellaire ; Ds, canal séricigène ; Gp, tube pigmenté ; S, sécrétion.


Stego, tube embry.1
Stego, tube embry. 2
Fig. - Stegodyphus dufouri femelle :  tube embryonnaire modérément pigmenté. Bleu de toluidine
Fig. - Stegodyphus dufouri femelle :  autre tube embryonnaire, hyperpigmenté. Danielli
Am, glande ampullacée ; L, lumière ; N, noyau. Flèches : grains de pigment isolés, bien visibles. 


En revanche, l'abondance et la densité du pigment sont trés variables d
ans les ampullacées, n'atteignant pas le degré majeur de surcharge observé dans les tubes embryonnaires. Tantôt les granulations ne sont qu'en petit nombre, se concentrent au voisinage du noyau ou occupent surtout le pôle apical des cellules. Les boules de sécrétion restent alors bien visibles (Fig. ). Tantôt, elles abondent et masquent presque les autres organites.

      
Stego, tubes,amp.
Fig. - Eresus niger femelle : ampullacée et deux tubes embryonnaires. Ferricyanure ferrique
Am, glande ampullacée ; Gp, tube embryonnaire pigmenté ; L, lumière. Flèches : grains de pigment.


        Dans tous les cas,  ce pigment est une substance colorée naturellement, non biréfringente, insoluble dans le carbonate de lithium et l'alun de fer, blanchie par le permanganate de potasse, ne réagissant pas lors de la détection histochimique des protéines (tétrazoréaction de Danielli), de la tyrosine (méthode de Morel et Sisley) et du fer ionique. Il est doté d'une basophilie intense au bleu de toluidine (Fig. ), réduit activement le ferricyanure ferrique (Fig. ) et recèle des groupements sulfhydrilés.
..................
2.3 - Glandes aciniformes
      
Leur présence est constante, exception faite toutefois pour les Eresidae qui en semblent totalement dépourvus (Lopez,1979).
Elles sont
nombreuses, de petite taille, souvent  sphériques, ce qui leur a valu un nom évoquant les "grains" ou acini  des glandes en  grappe de Vertébrés (pancréas, glandes salivaires par exemple). Elles se terminent dans les filières moyennes et postérieures (Schéma 1).  Dans le cas de Desis formidabilis (Desidae) , leur nombre est si élevé qu'elles forment une masse compacte englobant les ampullacées, les tubuliformes, et qui n'est pas sans rappeler , à première vue, l'aspect des glandes cribellaires,  également trés petites (Lopez,1984)

2.3.1 - Morphologie


           Leur forme et leur volume varient en fait beaucoup d'un groupe systématique à l'autre car elles peuvent être ovoïdes, fuselées  ou  même allongées et presque tubuleuses (Hersilia, Cyrtophora). Leur nombre peut être également réduit (Gnaphosidae).

2.3.2- Histologie

         L'épithélium est rarement uniforme et constitué par une seule catégorie d'adénocytes (Gnaphosidae).
        Le plus souvent, il est bipartite et formé par deux catégories de cellules sécrétrices hautes,  occupant chacune la région glandulaire proximale ou distale, et sur une étendue variable..
        L'épithélium des aciniformes d'' Hersilia montre une structure tripartite, tandis que celui d' Hypochilus et Dysdera serait même quadripartite (Kovoor,1987).
        Dans la grande famille des Araneidae, les aciniformes peuvent se différencier en  deux sous-catégories : "A", les plus nombreuses, parfois fuselées (Mecynogea), avec un épithélium sécréteur mince, bas, et une large lumière contenant une sécrétion protéique peu réductrice, colorée par l'orange G; "B",  moins nombreuses (10 fois moins chez Cyrtophora : Lopez,1982), avec un épithélium plus haut, épais, et une lumière plus étroite, dont le contenu protéique,  non réducteur, est trés éosinophile.

2.4 - Glandes agrégées
      Dans les quelques familles qui en possèdent, elles n'excèdent pas deux paires (Schéma 1), mais pourraient avoir résulté, à leur origine, de la coalescence d'un nombre de glandes élémentaires beaucoup plus élevé. Chez les Araneidae, elles manquent totalement dans le genre Cyrtophora (Lopez,1982), cependant pourvu  de glandes flagelliformes.
        Elles sont par contre présentes chez Mecynogea lemniscata (Lopez,1985 ; Lopez,1988), dont la toile rappelle pourtant  beaucoup celle du taxon précédent, sans s'associer toutefois à des glandes flagelliformes qui font ici défaut.

2.4.1- Morphologie

          Elles sont volumineuses d'aspect souvent multilobé et présentent ainsi une lumière anfractueuse, avec de nombreux diverticules.
          Chez Mecynogea lemniscata, les glandes agrégées sont toutefois
petites, non lobées et situées, en outre,trés postérieurement. De leur côté, les Theridiidae, tels que le genre Argyrodes (Fig. ), en possèdent deux,  dites atypiques, diffèrant des autres, typiques,  par une taille plus réduite  et un canal excréteur large, trés court, naissant à l'entrée des filières postérieures.
                
Glandes séricigènes des Argyrodes
Argyrodes transv. Argyrodes long.1
Fig.   Argyrodes argentatus, femelle. Abdomen, coupe transversale Fig.   Argyrodes argentatus, mâle. Abdomen, coupe sagittale
Ac, aciniformes ; Am, ampullacées majeures ; An, ampullacées mineures ; Ag1, agrégées typiques ; Ag2, agrégées atypiques ; Cp, céphalothorax ; Cr, coeur ; Di, diverticules intestinaux ; E, glande épigastrique ; F, filière ; G, gonopore ; M, muscles ; P, pédicule ; Ov, ovaires ; T, tégument. Flèches jaunes : guaninocytes.


2.4.2 - Histologie


        Dans la famille des Araneidae (exception faite toutefois du cas extraordinaire de Kaira alba), leur épithélium présente toujours un aspect uniforme, identique dans les quatre glandes, et est constitué par une seule catégorie d'adénocytes. Ces derniers élaborent un seul produit : une glycoproteine acide, bien colorable par la méthode à l'A.P.S. (Fig.14) et extrudée comme un liquide gluant et finement fibrillaire.
       Chez Mecynogea lemniscata, les glandes agrégées sont situées trés postérieurement, petites et non lobées ; leur épithélium est semblable à celui des agrégées d'autres Araneidae et élabore comme elles une glycoprotéine bien caractéristique.
          Dans la famille des Theridiidae, Latrodectus possède des agrégées dont les cellules renferment des grains purement protéiques mêlés à  la glycoprotéine et ont une hauteur uniforme dans leurs deux sortes. Cette hauteur est en revanche plus grande dans les  typiques d' Argyrodes que dans les atypiques. Les produits de sécrétion y sont en outre différents par leurs affinités tinctoriales, aspect fibreux pour les typiques, finement grenu pour les atypiques (Fig. ) mais peu distincts du point de vue histochimique (glycoprotéines d'acidité réduite).
          Du moins chez les Araneoidea, les canaux excréteurs ont toujours une paroi  remarquablement épaisse, complexe, d'aspect nodulaire dans sa partie externe ; ils accompagnent ceux des glandes tubuliformes dans les filières postérieures (Fig.  )



Ag.,tub.,brunn.
Fig.14 - Argiope bruennichi, femelle adulte : glandes  agrégées et tubuliformes, A.P.S
E, épithélium des agrégées - S, sécrétion dans leur lumière - Tb, glandes tubuliformes à lumière vide

2.5 - Glandes flagelliformes

       
Encore appelées coronata,
elles ressemblent aux glandes ampullacées et ont été longtemps confondues avec ces dernières avant que Sekiguchi (1952) puis Peters (1955)  ne les découvrent, ce dernier chez Nephila inaurata madagascariensis. Elles sont au nombre de deux, une de chaque côté de l' abdomen, du moins chez les Araneidae(Schéma 1). Elles manquent toutefois dans deux  genres de cette même famille, Cyrtophora (Lopez,1982) et Mecynogea (Lopez,1985 ; Lopez,1988), le premier  étant également dépourvu de glandes agrégées mais le second en possédant de rudimentaires. Elles manquent aussi totalement dans le genre Argyrodes (Lopez,1983b)

2.5.1 - Morphologie

       
Elles sont allongées, tubuleuses, ramifiées à leur extrémité chez Nephila et Nephilengys (Fig. ).

          Les glandes flagelliformes  s'associent avec les agrégées pour produire conjointement  le fil de capture (Schéma 2). Sur le plan anatomique, cette association est si étroite qu'apès s'être rapprochés les uns des autres (Fig. ), leurs canaux excréteurs respectifs se terminent sur chaque filière postérieure dans trois fusules juxtaposées formant un vériable "faisceau". Nous avons désigné chaque ensemble sous le nom évocateur de "triade anatomo-fonctionnelle" (Lopez,1982 ; Peters,1987).

2.5.2 - Histologie

      


Schéma 2 - Association agrégées-flagelliforme et  triade fonctionnelle d'un seul côté ; les deux triades et la production du fil de capture. Conception de Kovoor et Lopez, reprise par Peters (1987).
Schéma triade 1


2.6 - Glandes tubuliformes
  

2.6.1 - Morphologie

       Comme leur nom l'indique, elles ont l'aspect de tubes réguliers, cylindriques, trés longs et contournés, disposés latéralement aux glandes ampullacées majeures et aux agrégés, mais ne se développent réellement qu'au cours de la vitellogénèse, c'est à dire après la fécondation des femelles. Elles peuvent alors former avec les ovaires un ensemble trés volumineux, comprimant les autres organes,y compris les glandes séricigènes de catégories différentes.
  
2.6.2 - Histologie

      
Leur épithélium ne comporte qu'une seule catégorie d'adénocytes. Leur sécrétion comporte néanmoins deux produits protéiques (Cyrtophora, Mecynogea, Argyrodes..) l'un coloré, moins abondant que l'autre auquel il est mêlé. D'abord prismatique haut, l'épithélium s'amincit beaucoup en fin de cycle, juste avant la ponte, car la lumière s'est alors emplie d'une sécrétion abondante qui  distend le corps de la glande. La protéine colorée y est bien reconnaissable car elle adopte une disposition périphérique, quelle que soit la famille d' Araignées.
       Dans le cas de l'Araignée marine intertidale Desis formidabilis (Desidae), les glandes tubuliformes ont un épithélium basophile haut dont les cellules renferment non seulement des grains de sécrétion mais aussi un pigment sphéruleux brun-jaunâtre retrouvé dans la paroi des canaux excréteurs (Lopez,1984). Rappelant celui des glandes ampullacées d'Eresides (Lopez,1979) il pourrait être aussi de la mélanine et résulter d'une dégradation des amino-acides.

2.7 - Glandes  des Cribellates

   2.7.1 - Généralités
      On sait que les Araignées dites Cribellates se singularisent , sur le plan anatomique, par l'existence d' un
cribellum, organe "fileur"  trés particulier situé ventralement juste en  avant des filières habituelles et qui a valu son nom à  cet infra-ordre de statut trés discuté. Les Araignées cribellates appartiennent en effet à des familles si différentes et sans aucun autre rapport apparent, qu'il est difficile de le considérer comme monophylétique
        Le cribellum se présente comme une petite plaque transversale simple (Hypochilus), divisée en deux parties (Amaurobius)(Fig.15), ou, beaucoup plus rarement en quatre (Dresserus). Elle est hérissée densement de petites fusules délicates (Fig. ), dont le nombre s'accroît à chaque mue et peut s'élever jusqu'à 40000 chez un Stegodyphus adulte (Eresidae).
Ces fusules sont normalement perpendiculaires à la surface de la plaque, en "crins de brosse" mais peuvent s'agglutiner pour former des faisceaux (Fig.9 : artéfact de technique). De plus, .......
       Chez  certaines Eresidae des genres Stegodyphus et Eresus (Lopez,1979), cet organe, haut d'environ 500 µ, porte à sa surface des microfusules d'aspect cannelé, en pas de vis, tout comme chez d'autres Stegodyphus (Kullmann,1968)....
      
Cribellum amaurobius 1
Fig. 15 - Amaurobius erberi, femelle :  cribellum divisé. M.E.B.
Cr, cribellum divisé en deux plaques symétriques ; H, poils banaux. Fléches : fusules agglutinées (artéfact)

     La présence du cribellum va de pair avec celle d'un calamistrum, rangée simple ou double de poils arqués, en "dents de peigne", siégeant sur la face dorsale du métatarse de chaque patte ambulatoire postérieure (PIV) (Fig.16 à 18).
Ils y sont plus ou moins dissimulés par des poils banaux adjacents.
     
Calamistrum Amaurobius 1
Calamistrum Amaurobius 2
Fig. 16 - Amaurobius erberi, femelle : calamistrum, situation. M.E.B.
Fig. 17 - Amaurobius erberi, femelle : calamistrum, détail. M.E.B.
Cm, calamistrum ; H, poils banaux ; Mt, métatarse. Flèches : poils spécialisés, en "dents de peigne". Ils sont inversés dans la Fig.7

                                 
Calamistrum Uloborus
Fig.18 - Zosis (Uloborus) geniculata, femelle : calamistrum. M.E.B.
Cm, calamistrum ; H, poils banaux ; Mt, métatarse.


     Le cribellum émet par ses propres  fusules des fils extrêmement fins qu'extraient et "peignent"  ensuite les deux calamistra par des mouvements
rhythmiques alternatifs. Ainsi est produite une soie en rubans trés particulière ("hackle band"), dite "calamistrée". Simultanément, les fusules des filières postéro-médianes et latérales entrent aussi en jeu pour adjoindre leurs propres fils aux précédents. Il s'ensuit que le matériel commun qui en résulte est plus élaboré que celui des Araignées écribellates (Peters,1987) (Fig.)
.....
      D'après Peters et Kovoor (1980), la soie complexe des Araignées Cribellates provient de 3 sortes de glandes : cribellaires, paracribellaires et pseuflagelliformes.
  2.7.2 -  Glandes cribellaires (cribelliennes)
     Elles sont les plus petites glandes à soie connues (diamètre max.: 70µ), présentent une forme sphérique et ont donc une morphologie typiquement acineuse
(Fig. 19 à 21). Chez les Eresidae Stegodyphus dufouri et Eresus niger, elles sont extrêmement nombreuses (plusieurs milliers), plus ou moins déformées par tassement réciproque et ne montrent, dans chacune de leurs sections, que quelques adénocytesnoyaux anguleux (Lopez,1979). Leur ensemble constitue un trés grand massif cunéiforme postéroventral  plaqué contre le cribellum.

        Au point de vue histochimique, elles sécrètent une mucine acide (Fig.19), avec des groupes sulfate et carboxyle. Il n'y a pas de  tyrosine.
basophiles à
Crib.,Filistata 1
Crib.,Filistata 2
Fig. 19 - Filistata insidiatrix, femelle : glandes cribellaires  et acineuse spéciale
Fig. 20 - Filistata insidiatrix, femelle : glandes cribellaires ( détail)  et aciniformes
Ac, glande aciniforme globulaire ; Ap, glande ampullacée ; As, glande acineuse spéciale ;  Cr, glandes cribellaires ; Di, diverticule intestinal


  2.7.3 Glandes paracribellaires
       Elles sont ainsi nommées car leur siège est 
voisin de celui des précédentes (Fig.21,22)...............

Crib.,paracrib.,Uloborus
Paracrib.,Hyptiotes
Fig. 21 - Uloborus sp., femelle  : glandes cribellaires et paracribellaires
 Fig. 22 - Hyptiotes paradoxus, femelle : glandes paracribellaires
C, canaux excréteurs ; Cr, glandes cribellaires ; M, muscles striés abdominaux ; Pcr, glandes paracribellaires ; T, tégument de la filière.

   2.7.4 Glandes pseudo-flagelliformes.....

        Elles ont été découvertes par Kovoor (1977) dans le genre Uloborus (Uloboridae) et sont ainsi désignées aujourd'hui par analogie avec les glandes flagelliformes des Araneidae. Chez les Eresidae solitaires (Lopez,1979), ces pseudo-flagelliformes se présentent comme deux tubes glandulaires, onduleux et clairs, s'insinuant trés postérieurement entre, d'une part les glandes tubuliformes, d'autre part les glandes ampullacées et piriformes. Leur épithélium festonné est criblé de vacuoles dont le contenu parait comme rétracté ; il entoure une lumière où le produit de sécrétion est peu abondant (car peut être presque tari chez les exemplaires étudiés), légèrement basophile. Les deux tubes se mêlent à un groupe de glandes tubuliformes pour se terminer dans les filières postérieures, ces dernières recélant en outre une seonde paire de pseudo-flagelliformes. La taille de ces dernières est plus faible et leur extrémité distale dépasse à peine la zone d'émergence des filières.
3 -Commentaires
  Sur le plan fonctionnel et des corrélations existant entre la structure des toiles et celle des  appareils séricigènes nous avons étudié plus spécialement certaines Araneidae, des Theridiidae (genre Argyrodes), des Eresidae solitaires (non coloniaux) et Telema tenella..

3.1 - Cas des Cyrtophora  
       Le genre Cyrtophora réunit des Araneidae tropicales et subtropicales,  présentes d'ailleurs dans certains de nos départements d' Outre-Mer (Réunion...) et dont nous avons particulièrement étudié trois espèces : Cyrtophora citricola et deux autres taxons asiatiques (C.cicatrosa ; C.moluccensis). Elles tissent généralement leurs toiles dans la végétation, parfois aussi dans les constructions humaines et jusqu'entre les cables du réseau téléphonique (observations de Kovoor et Lopez au Sri Lanka, ). Le groupement colonial est fréquent  (Fig.23)


Cyrtophora, colonie 1
Fig.23- Cyrtophora citricola : énorme colonie de toiles sur agaves et bananiers
       Madère
( Photo A.Lopez).


        Du point de vue structural, chaque toile est un édifice soyeux tridimensionnel complexe (Fig.24), trés proche de celui du genre Mecynogea, rappelant à première vue la construction habituelle des Linyphiidae (Fig.),  fort dissemblable de l'orbe classique tissée par  les "Epeires" et les "Argiopes", de ce fait "aberrant" dans la famille des Araneidae surtout composée d' Orbitèles typiques. Il est  totalement dépourvu de fils gluants et comporte une nappe horizontale de pourtour arrondi que soutiennent deux réseaux irréguliers, sus et sous-jacents. La nappe est formée d'innombrables radii et d'un fil spiral sans gouttelettes visqueuses, donc non adhésif. En se croisant, ces fils constituent un tissu robuste, avec des jonctions en nombre extraordinairement élevé et dont les petites mailles carrées ou d'aspect losangique par étirement (Fig.25, 28,29) sont si fines et si régulières qu'elles évoquent la structure d'un filet à plancton (Lubin,1973 : C.moluccensis). Le tissu s'incurve en dôme ou en entonnoir surbaissé, unique chez la plupart des Cyrtophora, mais pouvant être aussi multiple (Kullmann,1964) comme dans le cas de Cyrtophora cicatrosa (Fig. ).
          Le mâle pygmée  n'a en revanche qu'une activité séricigène réduite se limitant au tissage d'un petit réseau irrégulier pour son repos, de la toile spermatique et du "fil de cour" ("Balz-Faden")  dans les préludes de l'accouplement (Blanke,1972,1974). Toutes ces structures sont fixées sur la propre toile de la femelle.
          Cette dernière, adaptée aux milieux ouverts et exposés aux intempéries, remplit plusieurs fonctions (Kullmann,1958 ; Lubin,1973) :
        - Abri pour l 'Araignée qui se tient sur la face inférieure du dôme, généralement au moyeu, ventre en l'air et dans des attitudes variées.
        -Véritable nasse conçue pour la capture d' Insectes volants  qui  heurtent les fils-barrière du réseau irrégulier supérieur, sont ainsi projetés sur le dôme ou "toile réceptrice", saisis  à travers ce tissu par la Cyrtophora qui les mord avec ses chélicères et emmaillotés enfin de soie selon une technique rappelant celle des Araneus et des Argiope.
        - Lieu de stockage des débris de proies, de matériel de camouflage (fragments végétaux divers tombés dans la toile) et même de réserve hydrique.
        - Abri unique pour le tissage et  la conservation des cocons ovigères à structure,  tissage et mise en place particuliers (Kullmann,1958), cocons souvent d'ailleurs colorés en brun verdâtre.
        De plus, elle est  habitée presque constamment par des Argyrodes (Theridiidae) kleptoparasites.
          Il est à noter que dans le cas de Cyrtophora purpurea (La Réunion, Madagascar, Mayotte : Lopez, obs.pers.), la toile est souvent encombrée de feuilles mortes, l'une d'elles,
incurvée avec de la soie servant de retraite à l'araignée (Fig. 26 à 28).          
     
Toile Cyrtophora 1
Mailles Cyrtophora 1
Fig. 24 - Toile de Cyrtophora citricola : vue d'ensemble. Encart : Araignée.
 Fig. 25 - Détail de la nappe,  près de l 'Araignée  : radii et fil spiral, mailles carrées
N, nappe en entonnoir sans fils gluants ; Ri, réseau irrégulier inférieur ; Rs, réseau irrégulier supérieur. Flèche : moyeu .      Ténérife ( Photos A.Lopez).


Cyrtophora citricola 1
Cyrtophora citricola 2
 Fig.  - Toile de Cyrtophora citricola : vue d'ensemble.
 Fig.  Autre  toile de Cyrtophora citricola : vue d'ensemble.
A, araignée ; C, chapelet de cocons ; N, nappe en entonnoir sans fils gluants ; Ri, réseau irrégulier inférieur ; Rs, réseau irrégulier supérieur.
 Agrigente, Sicile
(© Photos A.Lopez, Juillet 2012)

Cyrtophora citricola 3
Cyrtophora citricola 4
Fig.  La même, détail : araignée et chapelet de 3 cocons(© Photo A.Lopez) Fig. - Autre détail : nappe avec ses mailles carrées(© Photo A.Lopez)


Toile Cyrtophora purp.1
Toile Cyrtophora purp.2
Fig. 26 - Toile de Cyrtophora purpurea: vue d'ensemble. Fig. 27 - Autre toile de Cyrtophora purpurea: vue d'ensemble.
N, nappe en entonnoir sans fils gluants ; Ri, réseau irrégulier inférieur ; Rs, réseau irrégulier supérieur. Flèche : retraite.     Mayotte ( Photos A.Lopez, 2009).


Toile Cyrtophora purp.3
Toile Cyrtophora purp.4
Fig. 28 - Toile de Cyrtophora purpurea: radii et fil spiral, mailles carrées Fig. 29 - Détail d'une autre toile:  mailles carrées près de l'Araignée
A, araignée (avec ses deux tubercules abdominaux postérieurs) ; R, retraite (vue partielle).   Mayotte ( Photos A.Lopez, 2009).

       La structure de l'appareil séricigène produisant un édifice aussi spectaculaire 
n'avait jamais été étudiée avant nos propres travaux (Lopez,1982). Ils ont permis les commentaires suivants.

        L'ampleur de la toile a pour corollaire un grand développement des glandes ampullacées et l'absence complète de spirale adhésive, celle des glandes agrégées et flagelliformes, donc de l'unité ou triade fonctionnelle à l'origine de la spirale captrice des toiles.
      
Le manque de ces deux dernières catégories de glandes séricigènes est le fait des Cyrtophora des deux sexes, adultes et immatures. En revanche, si une même absence de glandes est observée chez  tous les adultes du genre Pachygnatha (Tetragnathidae) qui ne construisent pas de véritables toiles, leurs jeunes ont un équipement glandulaire permettant la construction d'édifices orbiculaires complets.
        Les réseaux et surtout la nappe à mailles trés fines comportent des jonctions fil à fil dont le nombre élevé doit être en rapport  avec l'abondance des glandes piriformes, en beaucoup plus grande quantité que chez les autres Araneidae : les solides jonctions rayons-substrat et autres fils secs-substrat, assurées par la soie la plus adhésive, issue des glandes (a) ; les jonctions rayons-spirale provisoire, plus fragiles, formée par la soie moins adhésive des glandes (b), à petit collet.
          Il s'ensuit que le cas des Cyrtophora est probablement l'un de ceux qui montrent avec le plus de clarté les corrélations étroites entre la structure des toiles et la composition de l'appareil séricigène.
       La soie d'emmaillotage des proies est fournie par les glandes aciniformes qui ressemblent beaucoup, par leurs formes, caractères histochimiques et proportions relatives des deux catégories (A=90%, B=10%) à celles des Araneus et Argiope, Araignées utilisant une même technique d'enveloppement contrairement aux Néphiles.
        La soie des cocons est produite par les glandes tubuliformes dont la troisième paire  est sans nul doute à l'origine du pigment brun qui  teinte fréquemment ce tissu, comme dans le cas d' Argiope lobata et d'une manière générale, chez toutes les Araignées confectionnant des cocons ovigères au moins partiellement colorés.


     3.2 - Cas des Mecynogea

          Les Mecynogea, dont on connait plusieurs espèces, certaines encore douteuses, sont des Araneidae du sud des Etats Unis et de l'Amérique tropicale (Grandes Antilles, Salvador, Guyane, Brésil, Argentine). Outre certains caractères anatomiques spéciaux comme la disposition des yeux, de longues pattes grêles et la forme de l'abdomen, la particularité la plus remarquable du genre réside dans la structure de sa toile.
           
Nous avons étudié spécialement deux espèces : Mecynogea lemniscata (Walck.), commune au sud des U.S.A. où elle a été récoltée en Louisiane et Alabama (T.Christenson, B.D.Opell) ; "Mecynogea guianensis" (Keyser.) que j'ai capturée en Guyane française (1982) et dont le statut taxonomique est d'ailleurs discutable.
           Leur toile a été bien décrite par Mc Cook (1878,1889) et Exline (1948) chez Mecynogea lemniscata (USA), espèce la plus anciennement connue.  Il s'agit d'un édifice composite, rappelant à première vue celui des Linyphiidae, mais se rapprochant en fait beaucoup plus de la toile des Cyrtophora.  Il comporte également chez les Mecynogea une orbe à pourtour horizontal et deux réseaux tridimensionnels sus et sous-jacents (Fig.  ).  L'orbe s'incurve en un dôme ténu (20 cm de diamètre environ) et dans lequel de trés nombreux radii (jusqu'à 200) délimitent de trés petites mailles carrées avec le fil spiral.  Ce dôme serait visqueux au toucher (Exline,1948 ; Gertsch,1979) contrairement à celui des Cyrtophora. Les deux réseaux irréguliers le maintiennent en place et sous tension parmi les végétaux (Fig.  ). La femelle s'y tient sous le moyeu en position inversée (Fig.  ) et cohabite avec le mâle comme dans le cas des Linyphia, rendant  la ressemblance encore plus frappante.
              Les cocons ovigères sont disposés au dessus du moyeu en un chapelet vertical (Fig. :C) suspendu à un gros fil horizontal composé
chez Mecynogea  lemniscata.
               
      
Mecynogea
Manogea 1
Manogea 2
Fig. - Mecynogea lemniscata, femelle et toile
Fig. - Manogea  porracea, femelle, mâle, jeunes, toile
Fig. - Manogea  porracea,  autre vue
C, cocons en chapelet ; D, dôme de la toile composite ; S, jeunes araignées issues d'un cocon supérieur. Flèches : femelles adultes (sous le moyeu des dômes) et mâle dans le réseau supérieur (Manogea). Tennessee, à gauche et Mont Cabassou, Guyane française , centre et droite

        Comme dans le genre Cyrtophora, la composition et la structure de l'appareil séricigène n'avaient pas fait l'objet de recherches avant notre premier travail  ( Lopez,1982).
        Cet appareil est conforme au plan général des Araneoidea et fondamentalement semblable à celui des autres  Araneidae par ses 5 catégories glandulaires, les ampullacées et les aciniformes de deux sortes se rapprochant  surtout des Cyrtophora, Cyclosa (M.guianensis) et Argiope (M.lemniscata).....

3.3 - Cas des Argyrodes

         L'appareil séricigène des Argyrodes, petites Araignées intéressantes à bien d'autres égards (glande acronale ou clypéale, comportement kleptoparasitaire...), était inconnu jusqu'à notre étude sur ses composition et structure histologique (Lopez,1983b).
           Il présente tous les caractères anatomiques et histologiques principaux décrits chez d'autres Theridiidae tels que Steatoda, Achaearanea (Anatasiu-Dumitresco, 1935 à 1942) et Latrodectus, la "Veuve noire" (Kovoor, 1977a,b) : glandes aciniformes peu nombreuses ; existence de deux sortes de glandes agrégées, typiques et atypiquesréservoir des glandes ampullacées majeures en forme de croissant.
             Le grand  volume  des glandes ampullacées, plus importantes que chez les  autres Theridiides, ne peut être en rapport avec la production d'une charpente de toile. Cette dernière n'existe que dans l'ancien groupe des "Ariamnes", chez les Argyrodes colubrinus, flagellum et attenuatus qui construisent seulement quelques fils ne servant pas de piège.
En revanche, la taille des  ampullacées pourrait bien être en relation avec l'abondance des fils de rappel que l'araignée produit à la moindre alerte et grace à eux,  se laisse brusquement tomber de la toile de son hôte.

3.4- Cas des Eresidae

        Etudié par de rares auteurs sur le seul plan anatomique, l'appareil séricigène des Eresidae solitaires nécessitait une étude histologique d'autant plus nécessaire que son examen fortuit, lors de recherches antérieures chez Eresus niger (Lopez,1977), avait déjà montré une curieuse pigmentation brune, fort inhabituelle, dans certaines des glandes à soie de cette  Araignée. Les relations existant entre sa structure, certains aspects de la toile et autres usages de sa soie ont pu ainsi être précisées.
       La toile de Stegodyphus dufouri, non présentée ailleurs dans la littérature arachnologique, a été observée sur le terrain à Tozeur (Sud tunisien, Août 1977) et décrite ultérieurement (Lopez,1979). De teinte blanchâtre uniforme,deonc non pigmentée, elle présente, à première vue, l'aspect surprenant d'un vieux filet de pêche qui serait tendu, pour y sécher, dans la végétation (Fig. ). Elle comporte essentiellement une nappe d'interception atteignant près de 2m de long avec ses fils de traction, généralement verticale, tissée 
entre les palmiers dattiers et le sol, mais pouvant être aussi horizontale et construite alors parmi les plantes herbacées. Par son allure générale, elle est trés proche de celle du Stegodyphus lineatus (Wiehle,1931 ; Millot & Bourgin,1942) mais ne montre qu'un ou deux plans. Sa forme est grossièrement rectangulaire ou trapézoïdale, un modèle géométrique rare décrit aussi chez les Theridiidae (Eberhard,1977). On y distigue sans peine deux sortes de fils comme chez d'autres Araignées cribellates : fils de soutien longitudinaux et fils transversaux calamistrés, ces derniers réalisant un grand nombre de "grecques" capricieuses et d'entrelacs conférant à l'ensemble un aspect pelucheux et comme quadrillé (Fig. ). Trés adhésifs, ils retiennent de nombreux débris de proies, en particulier de Cicindèles et de Ténébrionides dont la présence confirme bien que les Coléoptères constituent un menu de base habituel pour les Eresidae (Berland,1932 ; Millot & Bourgin,1942). Il est à noter que des Argyrodes inquilins (Argyrodes argyrodes) habitent sur les fils de tension de la toile, peut être leur seul refuge dans une région subdésertique où leur hôte habituel, Cyrtophora citricola, parait absente. Une retraite soyeuse en forme de bourse ovoïde, nettement plus courte que le tube de Stegodyphus lineatus, est annexée à l'extrémité supérieure de la toile de capture (Fig. ). La femelle de Stegodyphus dufouri y a été vue toujours cachée, isolée ou tenant entre les pattes son cocon ovigère, de forme lenticulaire (Fig. ). Elle ne sortait de cet habitacle qu'une fois sollicitée par des tractions sur les fils longitudinaux (Fig. ). Il est à nôter que la charpente des diverses toiles observées (une douzaine environ) était souvent délabrée, les fils calamistrés conservant toutefois en abondance leur revêtement visqueux.
glandes       
Les organes glandulaires associés étroitement aux ampullacées sont sans conteste des tubes embryonnaires appartenant à la même catégorie de glandes, non liés à la régression d'ampullacées préexistantes mais plutôt au bloquage évolutif de certaines d'entre elles demeurées dans un état quiescent. Cette absence de développement semble exister aussi dans une autre famille au moins, les Gallieniellidae (Lopez,inédit).    
          La production intensive de  soie calamistrée parait bien expliquée, du moins chez Stegodyphus dufouri, par le nombre considérable des glandes cribellaires.
          L'absence de glandes aciniformes pourrait être liée au traitement des proies qui ne sont pas "emmaillotées" lors de leur capture par les Eresidae.
          Les glandes tubuliformes, bien représentées, assureraient exclusivement la confection du cocon
      
Le pigment des ampullacées et des tubes embryonnaires est une mélanine, ce dont témoignent les principaux caractères de son étude histochimique  : basophilie, pouvoir réducteur, insolubilité dans le carbonate de lithium (ce qui élimine les urates), insolubilité dans l'alun de fer (contrairement à la guanine) et surtout, blanchiment par oxydation permanganique, caractère le plus évocateur car positif et direct. Cette mélanine, limitée à une seule catégorie de glandes (tubules embryonnaires compris), ne peut provenir que des précurseurs de la soie, dans les adénocytes même, y dérivant du métabolisme de la tyrosine dont les glandes ampullacées sont particulièrement riches comme le montre la réaction de Morel et Sisley appliquée aux Eresidae (Fig.  ). Dans cette famille, la mélanine représenterait le terme ultime du métabolisme des précurseurs de la soie dans le cadre d'un processus dégénératif irréversible, qu'il soit primaire par non usage des aminoacides au niveau des tubes inactifs, ou qu'il soit secondaire et alors lié à un arrêt de l'utilisation dans les glandes ampullacées.
Il est à souligner que la présence de cette  mélanine n'a aucune expression visible dans la couleur de la toile décrite ci-dessus.

         
3.5 - Cas de Telema tenella


          L'appareil séricigène de l' Araignée troglobie Telema tenella  (Telemidae) a fait l'objet d'une étude histologique et ultrastructurale (Lopez,1983a) dans le cadre de recherches complémentaires sur cette intéressante endémique des Pyrénées catalanes, françaises et espagnoles.
          Brièvement décrite par Fage (1913) et Simon (1914), sa toile est une nappe soyeuse fixée dans les niches les plus variées du milieu souterrain. Haubanée par quelques fils de tension s'insérant sur ses deux faces, elle présente une concavité inférieure plus ou moins marquée. Elle est formée d'un tissu qui n'est pas "excessivement lâche" comme  l'indiquait Fage (1913)  mais au contraire assez serré, fort ténu, à trés petites mailles irrégulières, non visqueux et ancré directement sur les parois de sa loge par des bords qui en épousent les contours. D'étendue variable, cette toile peut dépasser 15 cms de long et n'est donc pas proportionnée à la taille minuscule de l' Araignée (2 mm). Plusieurs nappes tissées successivement par un même individu sont parfois juxtaposées dans une même loge où les réunissent des fils de tension entrecroisés.
            Telema tenella se tient, ventre en l'air, sur la  face inférieure de sa nappe (Fig.  ) où elle occupe donc une position inversée comme d'autres "microaraignées" dites "cavernicoles" (Leptoneta, Leptyphantes, Ochyrocera) dans leurs propres édifices.

Telema, toile 1
Telema, toile 2
Fig. Telema femelle sur le revers de sa toile.Grotte de Can Britxot,66
Fig. Autre Telema femelle (flèche). Mine, La Preste,66

          La toile, apparemment non gluante, pourrait être un dispositif récepteur destiné à la collecte de menus proies (Collemboles, Coléoptères Psélaphides...) qui courent ou sautent sur le substrat, peut être aussi au recueil de particules minérales que Telema serait capable d'ingérer, produisant ainsi les sphérocristaux visibles dans son intestin.
4 -Utilisation en systématique
         Il s'avère que les glandes ampullacées, majeures et mineures, ont des caractères morphologiques et histologiques apparemment plus stables que ceux des autres glandes séricigènes. Leur énorme développement chez les Eresidae serait un caractère familial car il est présent aussi bien chez les espèces solitaires comme Eresus niger et Stegodyphus dufouri (Lopez,1979) que chez les sociales, telles que Stegodyphus sarasinorum (Bradoo & Majupuria,1973). De même,la mélanine qui les pigmente pourrait bien représenter elle aussi un intérêt systématique d'ordre familial. Elle n'avait jamais été signalée jusque là dans l' appareil séricigène d'autres Araignées. Le Pholcide Holocnemus pluchei est porteur d'inclusions  pigmentaires profondes (Lopez,1973) mais elles sont logées dans des cellules spéciales rameuses ("chromatophores"), entrant en rapport étroit avec les glandes épigastriques prégonoporales sans jamais pénétrer dans les glandes à soie. De même, d'après Millot (1926), Aelurops insignitus montrerait une forte pigmentation des trachées sans que l'appareil l' appareil séricigène participe à cette surcharge.
    Par ailleurs,  les glandes piriformes sont d' autres éléments pouvant être utilisés avec le plus de sécurité pour la recherche des relations phylogéniques (Kovoor,1976; Lopez,1980 ; Lopez,1983b)........
      Dans le cas des Mecynogea, des différences marquées dans la composition et la structure des appareils séricigènes des deux espèces étudiées indiquent sans aucun doute que ce genre n'est pas homogène. Ainsi, "Mecynogea guianensis" est plus proche des Cyrtophora que M.lemniscata par ses glandes ampullacées, piriformes et surtout l'absence de glandes agrégées. De plus, j'ai constaté en Guyane (Juin 1982) que "M.guianensis" se comporte comme les Cyrtophores dans la fuite, la capture des proies et la garde des cocons. Il semblerait qu'en fait, depuis notre dernière publication (Lopez,1988) cette dernière doive être plutôt rattachée à un autre genre sous le binôme Manogea porracea
 



Bibliographie

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Anatasiu-Dumitresco,M., 1941 - Anal.Acad.Rom.Mem.Sect.stiint,(3),16,p.773-840.
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