). Elles
tissent généralement leurs
dans la végétation, parfois aussi dans les constructions
humaines et jusqu'entre les cables du réseau
téléphonique (observations de Kovoor et Lopez au Sri
Lanka, ). Le groupement colonial est fréquent (
Du point de
vue structural, chaque
toile est un
édifice soyeux tridimensionnel complexe (
Fig.24),
trés proche de celui du genre
Mecynogea, rappelant à
première vue la construction habituelle des
Linyphiidae (
Fig.), fort
dissemblable de l'orbe classique tissée par les "Epeires"
et les "Argiopes", de ce fait "aberrant" dans la famille des
Araneidae surtout
composée d' Orbitèles typiques. Il est totalement
dépourvu de
fils gluants et comporte une
nappe horizontale de pourtour arrondi que
soutiennent deux
réseaux
irréguliers, sus et sous-jacents. La nappe est
formée d'innombrables
radii et
d'un
fil spiral sans
gouttelettes visqueuses, donc non
adhésif. En se croisant, ces fils constituent un tissu robuste,
avec des
jonctions en nombre
extraordinairement élevé et dont les petites
mailles carrées ou
d'aspect losangique par étirement (Fig.25, 28,29) sont si
fines et si régulières qu'elles évoquent la
structure d'un filet à plancton (Lubin,1973 : C.moluccensis). Le
tissu s'incurve en dôme ou en entonnoir surbaissé, unique
chez la plupart des
Cyrtophora,
mais pouvant être aussi multiple (Kullmann,1964) comme dans le
cas de
Cyrtophora cicatrosa
(Fig. ).
Le mâle
pygmée n'a en revanche qu'une activité
séricigène réduite se limitant au tissage d'un
petit
réseau irrégulier
pour son repos, de la
toile spermatique et
du "
fil de cour" ("Balz-Faden") dans
les préludes de l'accouplement (Blanke,1972,1974). Toutes ces
structures sont fixées sur la propre toile de la femelle.
Cette dernière,
adaptée aux milieux ouverts et exposés aux
intempéries, remplit plusieurs fonctions (Kullmann,1958 ;
Lubin,1973) :
- Abri pour l 'Araignée
qui se tient sur la face inférieure du dôme,
généralement au moyeu, ventre en l'air et dans des
attitudes variées.
-Véritable nasse
conçue pour la capture d' Insectes volants qui
heurtent les
fils-barrière du
réseau irrégulier supérieur,
sont ainsi projetés sur le
dôme ou
"toile réceptrice", saisis
à travers ce tissu par la
Cyrtophora
qui les mord avec ses chélicères
et emmaillotés enfin de soie
selon une technique rappelant celle des Araneus
et des Argiope.
- Lieu
de stockage des débris de proies, de matériel de
camouflage
(fragments végétaux divers tombés dans la toile)
et
même de réserve hydrique.
- Abri unique pour le tissage et la
conservation des cocons
ovigères à structure, tissage et mise en
place particuliers (Kullmann,1958), cocons souvent d'ailleurs
colorés en brun verdâtre.
De plus, elle est
habitée presque constamment par des Argyrodes (Theridiidae) kleptoparasites.
Il est à noter que
dans le cas de Cyrtophora
purpurea (La Réunion, Madagascar, Mayotte : Lopez,
obs.pers.), la toile est souvent encombrée de feuilles mortes,
l'une d'elles, incurvée avec de la soie servant de retraite à
l'araignée
(Fig. 26 à 28).
Fig.
24 - Toile de Cyrtophora citricola
:
vue d'ensemble. Encart : Araignée.
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Fig.
25 - Détail de la nappe, près de l 'Araignée
: radii et fil spiral, mailles carrées
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N, nappe en entonnoir sans fils gluants ;
Ri, réseau irrégulier inférieur ; Rs,
réseau irrégulier supérieur. Flèche : moyeu
.
Ténérife ( Photos
A.Lopez).
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Fig.
- Toile de Cyrtophora citricola :
vue d'ensemble.
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Fig.
Autre toile de Cyrtophora citricola
: vue d'ensemble.
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A, araignée ; C, chapelet de
cocons ; N, nappe en entonnoir sans fils gluants ; Ri, réseau
irrégulier inférieur ; Rs, réseau
irrégulier supérieur.
Agrigente, Sicile (© Photos A.Lopez, Juillet 2012)
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Fig.
La même, détail : araignée et chapelet de 3 cocons(© Photo A.Lopez) |
Fig.
- Autre détail : nappe avec ses mailles
carrées(© Photo A.Lopez)
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Fig.
26 - Toile de Cyrtophora purpurea:
vue d'ensemble. |
Fig.
27 - Autre toile de Cyrtophora purpurea:
vue d'ensemble. |
N,
nappe en entonnoir sans fils gluants ; Ri, réseau
irrégulier inférieur ; Rs, réseau
irrégulier supérieur. Flèche : retraite.
Mayotte ( Photos
A.Lopez, 2009). |
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Fig.
28 - Toile de Cyrtophora purpurea:
radii et fil spiral, mailles carrées |
Fig.
29 - Détail d'une autre toile:
mailles carrées près de l'Araignée
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A, araignée (avec ses deux
tubercules abdominaux
postérieurs) ; R, retraite (vue partielle).
Mayotte ( Photos A.Lopez,
2009). |
La
structure de l'appareil
séricigène produisant un édifice aussi
spectaculaire n'avait
jamais été étudiée avant nos propres
travaux
(Lopez,1982). Ils ont permis les
commentaires suivants.
L'ampleur de la toile a pour corollaire un grand
développement des glandes ampullacées et l'absence
complète de spirale adhésive, celle des glandes
agrégées et flagelliformes, donc de l'unité ou
triade fonctionnelle à l'origine de la spirale captrice des
toiles.
Le manque de ces deux dernières
catégories
de glandes
séricigènes est le fait des Cyrtophora
des deux sexes, adultes et immatures. En revanche, si une même
absence de glandes est
observée chez tous les adultes du genre Pachygnatha (Tetragnathidae) qui ne
construisent pas
de véritables toiles, leurs jeunes ont un équipement
glandulaire permettant la construction d'édifices orbiculaires complets.
Les réseaux et surtout la nappe à
mailles trés fines comportent des jonctions fil à fil
dont le nombre élevé doit être en rapport
avec l'abondance des glandes piriformes, en beaucoup plus grande quantité
que chez les autres Araneidae
: les solides
jonctions rayons-substrat
et autres
fils secs-substrat,
assurées par la
soie la plus
adhésive, issue des
glandes (a) ;
les
jonctions rayons-spirale provisoire,
plus fragiles, formée par la
soie
moins adhésive des
glandes (b),
à petit
collet.
Il s'ensuit que le cas des
Cyrtophora est probablement
l'un de ceux qui montrent avec le plus de clarté les
corrélations étroites entre la structure des
toiles et la composition de l'
appareil séricigène.
La soie
d'emmaillotage des
proies est fournie par les glandes aciniformes qui ressemblent beaucoup, par leurs
formes, caractères histochimiques et proportions relatives des
deux catégories (A=90%, B=10%) à celles des Araneus
et Argiope,
Araignées utilisant
une même technique d'enveloppement contrairement aux Néphiles.
La soie des cocons
est produite par les glandes tubuliformes dont la troisième
paire est sans nul doute à l'origine du pigment brun
qui teinte fréquemment ce tissu, comme dans le cas d'
Argiope
lobata et d'une manière générale, chez
toutes les
Araignées
confectionnant des
cocons
ovigères au moins partiellement colorés.