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LE CHOLESTEATOME ET SES LESIONS ASSOCIEES
Dr. ANDRE
LOPEZ
médecin anatomo-pathologiste
Sommaire
Structure histologique du cholestéatome
1-Matériel et techniques
2-Muqueuse de caisse normale et osselets
3-Structure histologique du
cholestéatome
3.1- Contenu
3.2- Paroi
3.2.1- Epithélium
3.2.2- Stroma
Notre
matériel provient de près de 200 patients agés de
11 à 76 ans et opérés sur 24 mois. Il concerne en
gros 173 chlestéatomes sensu
stricto et 27
poches de rétraction prélevés lors de
tympanoplasties (premier temps ou reprise), soit par biopsies
ponctuelles
sur des points variés de l’oreille moyenne, soit en «blocs
panoramiques» réunissant le «sac»,
son contenu et parfois des osselets.
Après fixation au formol à 10 %, au liquide de Bouin et
décalcification éventuelle, ce matériel a
été inclus dans la cytoparaffine, débité en
coupes sériées et coloré par des méthodes
de routine (hématoxyline-éosine-orange G, trichromes de
Masson), à visée histochimique (APS, bleu alcian,
réaction du «bleu de Prusse») ou selon des
techniques cyto-immunologiques marquant la vimentine, les
cytokératines, l’actine musculaire lisse, la protéine
S100, la neurone énolase spécifique et
l’antigène leucocytaire commun.
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Fig.
- Epithélium de la caisse du tympan. Femme, 57 ans. M.E.T. |
Fig.
- Cellules épithéliales séparées du stroma
par la basale. Même cas. M..E.T. |
B,
lame basale ; C, cils vibratiles ; Cb, cellule basale ; Cc, cellule
ciliée ; Cnc, cellule non ciliée ; Fc, fibres
collagènes du stroma ; N, noyaux. Flèches (Fig..) :
hémidesmosomes. Le type glandulaire n'est pas visible. |
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Fig.
- Jonctions latérales unissant deux cellules ciliées.
Même cas.M.E.T. |
Fig.
- Desmosomes unissant deux cellules épithéliales.Même
cas.M.E.T. |
C,
cils vibratiles ; D, desmosomes ; M, mitochondrie ; N, noyau ; P,
plasmalemmes accolés ; Za, zonula adherens ; Zo, zonula
occludens. Flèches (Fig. ) : filaments intermédiaires
ancrant les desmosomes dans le hyaloplasme. |
Il est formé par un matériel éosinophile de nature kératinique, squameux et généralement anucléé sauf lorsqu'il existe une parakératose dans l'épithélium pariétal sous-jacent (Fig.). Des noyaux aplatis et pycnotiques sont alors visibles dans une zone limitée (Fig.2). Il se mêle parfois à la kératine des polynucléaires et des histiocytes plus ou moins fusionnés en cellules géantes (symplasmes) (Fig.3). Ces macrophages tendent à englober les lamelles cornées. Ils sont souvent l’indice de discontinuités dans la paroi du « sac » dont ils proviennent (Fig.4) et peuvent aussi traduire la présence d’un granulome à kératine sous-jacent.
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Fi.2 - Contenu d'un sac cholestéatomateux présentant
une zone de parakératose. |
K, kératine
"normale" anucléée ; Pk, kératine
parakératosique avec noyaux (flèches) |
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Fig.3
- Kératine et symplasmes dans la cavité d'un
cholestéatome |
Fig.
4 - Symplasmes au-dessus d'une brèche pariétale |
Cg,
cellules géantes (symplasmes) macrophagiques ; E,
épithélium malpighien interrompu ; K, kératine
intra-cavitaire ; S, stroma
dénudé |
Désignée
toute entière sous le nom de «matrice» par certains
auteurs (Bremond & al., 1980), elle présente un aspect
histologique rappelant beaucoup celui décrit pour la poche de rétraction. Les deux
lésions ne se distinguent classiquement que par des
particularités évolutives et structurales mineures qui
leur sont propres (Zechner,1982).
Cet épithélium, auquel
certains auteurs réservent le nom de «
matrix » (Lim & Saunders, 1972), est formé
comme par 4 strates
ou couches caractéristiques comme
dans un épiderme normal : le stratum basale
(couche germinative, basal layer) reposant sur
une lame basale ; le stratum spinosum
(couche des "cellules à épines", prickle
cell layer ) ; le stratum
granulosum (couche granuleuse,
granular layer) ; le stratum corneum (couche cornée,
horny layer) (Fig.5,6).
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Fig.5
- Epithélium cholestéatomateux orthokératosique.
Cytokératines |
Fig. 6 -
Epithélium cholestéatomateux orthokératosique.
Autre vue, plus
grossi. |
Ec, épithélium de
caiss e; K, kératine orthokératosique ; S,
stroma
; Sb, stratum basale ; Sg, stratum granulosum ; Ss,
stratum spinosum. Flèches (Fig. 5) : noyaux des cellules
"à épines".
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Bien que ce dernier soit
généralement orthokératosique, il peut y persister
de noyaux pycnotiques (parakératose) ; le stratum
granulosum a alors disparu dans la partie sous-jacente du
"corps muqueux de Malpighi" (Fig.7).
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Fig.
7- Foyer de parakératose dans un cholestéatome |
Fig.
8- Crête "épidermique" dans un cholestéatome |
K,
kératine orthokératosique ; O, osselet ; Pk,
kératine parakératosique ; R, crête ; S, stroma ;
Sb, stratum basale ; Sg, stratum granulosum (interrompu
par la parakératose: Fig. ) ; Ss, stratum spinosum.
Flèches (Fig. ) : noyaux pycnotiques. |
Il se présente comme un
revêtement assez mince et régulier, pourvu trés
rarement de crêtes (epidermal ridges) lorqu'il n'est pas
altéré (Fig.8). Ces crêtes
caractérisent l’épiderme
normal et s’engrènent avec les papilles
du derme sous-jacent.
Le front de progression cholestéatomateux offre un profil cuneiforme caracéristique
(Fig.9 à 12)et se substitue progressivement
à l'épithélium cubique
de caisse (Fig.11,12).
Renumérotation
en cours......
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Fig.9-
Front de progression
cholestéatomateux |
Fig.10- Front de progression cholestéatomateux |
Ci,
cellules inflammatoires ; Cs, capillaires sanguins ;
E, épithélium malpighien ; F, front
en "biseau" ; H, hémorragie ; K, kératine ;
S, stroma conjonctif. |
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Fig.11
- Front de progression
cholestéatomateux. Stroma trés inflammatoire. |
Fig.12
- Front de progression
cholestéatomateux. Stroma trés
inflammatoire. |
Ci,
cellules inflammatoires ; Cs, capillaires sanguins ; E,
épithélium malpighien ; F, front en
"biseau" ; K, kératine ; S, stroma conjonctif.Flèches
: foyer d'exocytose. |
Aux mêmes niveaux et surtout au-dessus de foyers inflammatoires pouvant former un granulome lorsqu'ils sont particulièrement
denses (Fig.14,15), l’épithélium
présente des modifications localisées importantes : crêtes, exosérose ou oedéme intercellulaire, spongiose et
oedéme cellulaire (Fig.15,16), disparition du stratum
granulosum (Fig. 13 à 16) et exocytose de
polynucléaires (Fig. 13 à 15).
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Fig.13
- Epithélium malpighien présentant des crêtes et un stroma inflammatoire. |
Fig.
14 - Epithélium malpighien présentant une exocytose intense sur
stroma inflammatoire granulomateux |
Ci, cellules inflammatoires ; E,
épithélium malpighien ; Gi, granulome
; K, kératine ; R, crêtes ;
S, stroma. Flèches : foyers d'exocytose. Disparition du stratum
granulosum (Fig.7, à gauche
, Fig.8)
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Fig.15-
Epithélium malpighien présentant une exocytoseet une
exosérose intenses sur stroma
inflammatoire |
Fig.16
- Autre épithélium malpighien
présentant une exosérose
intense et une spongiose sur
stroma inflammatoire |
E1,
épithélium malpighien ; E2, épithélium
remanié ; Gi, granulome ;Oc, oedème cellulaire, spongiose
; S, stroma ; Sb, stratum basale ; Ss, stratum spinosum.
Flèches : exocytose (Fig.9) et espaces intercellulaires
élargis (Fig.10). Disparition du stratum granulosum
et de la kératine dans E2. |
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Fig.
17 - Epithélium malpighien et cellules
de Langherans (proteine S100). |
Fig.
18 - Epithélium malpighien, son stroma et cellules de Langherans (vimentine). |
E,
épithélium ; K, kératine ; S, stroma ; Sb, stratum
basale (couche germinative) ; Sg, stratum granulosum (couche
granuleuse) ; Ss, stratum spinosum (couche
"épineuse"). Flèches : cellules
dendritiques de Langherans. |
Le stroma est
un tissu conjonctif
anormal
développé à partir de celui de la muqueuse de caisse
et, plus précisément, de la lamina
propria sensu lato de l'oreille
moyenne, y compris la couche fibreuse du marteau.
Ne présentant donc aucun rapport avec le derme, il a
été désigné par ailleurs sous les noms de
« tissu sous-épithélial » (Kaneko
& al., 1980) ou de « perimatrix » (Lim
& Saunders, 1972).
Nous avons souvent
noté, qu'outre les cellules habituellement
présentes dans le conjonctif de caisse,
le stroma peut renfermer des
éléments allongés, isolés ou réunis
en faisceaux, ayant l'aspect de fibroblastes
mais exprimant non seulement la vimentine mais aussi l'actine
musculaire
lisse (A.M.L.) comme la paroi des capillaires
sanguins (Fig.19,20). Ils peuvent donc être
interprétés comme des myofibroblastes.
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Fig.19
-Cholestéatome à
stroma renfermant des myofibroblastes.
A.M.L. |
Fig.20
- Détail du stroma d'un autre cholestéatome
: myofibroblastes. |
Cs, capillaires sanguins ; E, épithélium malpighien ; Ec, épithélium de caisse ; K, kératine ; My et flèches (Fig.12), myofibroblastes ; S, stroma. |
La paroi
entière d'un cholestéatome
extensif est susceptible de recouvrir des matériaux introduits
chirturgicalement dans la caisse, qu'il s'agisse de prothèses
ou de tissus tels que du cartilage.
Ce dernier parait alors érodé en surface, dans le stroma cholestéatomateux, et y
présente un curieux aspect "denticulé"(Fig.21,22).
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Fig.
21 - Cholestéatome recouvrant du cartilage introduit dans la
caisse |
Fig.22
- Même cas. Coloration trichromique. |
Cr,
cartilage "greffé" dans la caisse ; E,
épithélium du cholestéatome ; K, sa
kératine ; S, stroma. Flèches : groupes de
chondrocytes dans la substance fondamentale. |
Couleurs
conventionnelles (texte) : en bleu-vert,
termes d'anatomie macroscopique et d' histologie normales ; en
kaki, termes désignant toutes
les structures ayant une signification pathologique, qu'elle
qu'en soit l'origine ou la nature
Clinique Causse, 34440 Colombiers |